Bilan 2023 et perspective 2024

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Bulletin GSI de janvier 2024

Bilan 2023 et perspective 2024

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  1. Contexte général

L’année 2023 commença avec l’annonce des préparatifs d’une contre-offensive de l’Ukraine contre la Russie, rappelant bruyamment que la crise Ukrainienne avec son lot de sanctions et de rétro-sanctions entre l’Occident et la Russie va se poursuivre. On en connaît les impacts délétères sur les relations internationales et notamment sur la gestion des biens publics mondiaux (paix, environnement, santé publique…), sur l’économie mondiale en général et le secteur de l’énergie en particulier.

La COP 28 qui clôt l’année 2023 avec le psychodrame largement médiatisé sur l’abandon ou non des combustibles fossiles est venue rappeler i) la complexité de la transition en cours dans ce secteur éminemment stratégique pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et ii) la nécessité d’une transition gérée et juste tenant le mieux compte des intérêts réels et perçus de toutes les parties prenantes impliquées, des menaces et des vulnérabilités.

La crise palestinienne reste cependant l’évènement marquant de cette fin d’année 2023. Elle est encore venue révéler au monde, face à certaines crises, l’impuissance crasse des Nations Unies et l’indécision coupable d’une « communauté internationale » qui a pourtant fait croire dans le passé, en Lybie et en Syrie notamment, qu’elle sait faire respecter les règles du jeu international aux États qu’elle considère menaçants pour la paix mondiale. Elle aura aussi permis de révéler que beaucoup de crises, comme celles qui sévissent actuellement au Soudan et au Yémen passent sous le radar médiatique et diplomatique de cette communauté qui, trop souvent, « trie les dents pour les brosser ».

La réconciliation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran sous l’égide de la Chine, courant mars, et l’élargissement annoncé, courant août, des BRICS avec l’accueil de six nouveaux membres, sont suffisamment révélateurs des transformations géopolitiques en cours dans le monde pour être signalés ici. Ils constituent le reflet d’un monde qui se multipolarise plus qu’il ne se multilatéralise, un monde désormais plus exigeant en termes de concertation pour une gestion partagée et équilibrée des biens publics mondiaux. Une gestion sans laquelle l’avenir que nous voulons, le monde sans guerre, sans pauvreté, avec un environnement sain que promeut l’Agenda 2030, tiennent de la chimère.

Les records de chaleur battus partout dans le monde cette année, les inondations répétées sous toutes les latitudes, donnent la mesure de notre incapacité à protéger notre climat et donc de tels biens, en même temps qu’ils renforcent, il faut l’espérer, notre conscience de la communauté de ces biens.

Dans le bilan qu’elle dresse de 2023, la Banque Mondiale[1] revient sur la crise climatique en rappelant qu’elle « n’épargne personne ni aucune économie ». Elle relève un certain nombre d’autres faits marquants qui ont caractérisé l’année écoulée : la lutte contre la pauvreté dont elle dit qu’elle « est au point mort », la dette extérieure qui a continué « d’augmenter dans toutes les régions du monde », la croissance « en perte de vitesse à long terme », la crise migratoire considérée comme « l’un des défis du développement les plus urgents » et dont une gestion intelligente peut à la fois bénéficier aux migrants et aux pays d’accueil. « La manière dont on aborde les flux migratoires et les moyens mis en œuvre pour protéger ceux qui quittent leur pays d’origine jouent un rôle essentiel dans le développement économique et la réussite des migrants et des communautés d’accueil°», affirme-t-elle.

  • Activités de GSI

C’est dans ce contexte général que Global Shift Institute a conduit ses différentes activités, i) l’exécution de ses mandats en carboneutralité et en géomatique, ii) les formations auxquelles des responsables de GSI ont pris part et iii) la veille assurée à travers le bulletin. Ce numéro du bulletin en rend compte ci-après.

  • Mandats

Dans le cadre du mandat confié par la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) à GSI au cours des derniers mois de 2022, GSI a i) mis au point un outil dédié de calcul des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la BOAD; ii) réalisé un inventaire de référence ayant permis de déterminer l’empreinte carbone de la BOAD pour l’année 2022, et l’évolution de ses principaux postes d’émission entre 2018 et 2022; iii) proposé un plan de réduction de ces émissions; et iv) élaboré un guide définissant les principaux concepts associés aux crédits carbone et proposant une méthodologie pour l’achat de crédits compensatoires ainsi que des sources de ces crédits à différentes échelles, notamment en Afrique. Un plan de formation et de transfert de compétences a été produit et fourni. Il devrait être mis en œuvre au cours du 1er trimestre de 2024.

Un responsable de GSI, sous mandat de SmartCert, une firme d’experts-conseils en certification environnementale, a réalisé une évaluation de l’état des paysages forestiers intacts[2] (PFI) au Canada au 31 décembre 2022 en s’appuyant sur l’imagerie satellitaire et la geomatique en realisant la teledetection du changment. Le but de ce projet est de vérifier l’état des PFI au Canada, de s’assurer de la conformité aux normes ADVICE-20-007-018 V1-0 dans les forêts certifiées et de fournir des informations sur l’impact de la gestion forestière sur les Paysages forestiers intacts dans les forêts non certifiées des terres de la Couronne au Canada. Les analyses spécifiques suivantes ont été conduite : i) perte de PFI dans chaque certificat au Canada depuis l’entrée en vigueur de la norme ADV 18 (1er janvier 2017), ii) perte de PFI dans les tenures forestières certifiées et non certifiées des terres de la couronne dans les principales provinces canadiennes certifiées FSC (Forest Stewardship Council), et iii) perte de PFI dans l’ensemble des forêts aménagées au Canada.

2.2 Activités de formation

Au titre des activités de formation en 2023, nous avons donné le cours Énergie dans le monde pour la 23e cohorte d’étudiants de la Chaire en Éco-conseil de l’Université de Québec à Chicoutimi (UQAC) et par ailleurs pris part, comme conférencier, i) à la formation Politiques publiques et ODD de l’ENAP et ii) à un Webinaire sur le Développement durable et les ODD organisé par la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA).

Le cours Énergie dans le monde traitant du rôle et de la place de l’énergie dans les processus de développement et dans les réponses aux défis globaux actuels a mis l’accent, cette année, sur les scénarios énergétiques permettant de réaliser l’objectif zéro émissions nettes d’ici 2050 prôné par l’accord de Paris sur le Climat, les scénarios de l’agence Internationale de l’Énergie et de l’IRENA aux échelles mondiales, et celui de négaWatt à une échelle nationale.

La formation ENAP ODD et politiques publiques, ayant accueilli une trentaine de cadres de l’administration ivoirienne, a porté sur le programme de développement durable à l’Horizon 2030 (l’Agenda 2030) et les OD D, et sur leur prise en compte dans la conception et la mise en œuvre des programmes nationaux de développement.

Le webinaire de la FCFA visait les deux principaux objectifs suivants : i) familiariser les partenaires en immigration francophone avec les concepts et pratiques de développement durable et avec les ODD dans une perspective visant leur prise en compte dans l’élaboration des politiques, programmes et projets promouvant des communautés incluses, prospères et durables.

2.2 Bulletin de Liaison

L’énergie et la transition énergétique ont été les sujets centraux du Bulletin avec notamment la présentation, sur deux numéros, d’un article de fond sur la géopolitique de l’énergie. La mise en œuvre de l’Agenda 2030 et le climat constituent les autres thématiques couvertes cette année. Le tableau ci-dessous donne les liens vers l’ensemble des thématiques couvertes.

Mois Thèmes Liens Internet
Janvier Bilan 2022 et perspectives 2023 https://www.globalshift.ca/bilan-2022-et-perspectives-2023/
Février Rapport spécial de l’AIE sur les perspectives énergétiques de l’Afrique https://www.globalshift.ca/rapport-special-de-laie-sur-les-perspectives-energetiques-de-lafrique/
Mars Pour la transition énergétique en cours, des réalités incontournables https://www.globalshift.ca/pour-la-transition-energetique-en-cours/
Avril Rapport de synthèse du sixième cycle d’évaluation du GIEC https://www.globalshift.ca/rapport-de-synthese-du-sixieme-cycle-devaluation-du-giec/
Mai Le bilan mondial des transitions énergétiques de l’AIE https://www.globalshift.ca/le-bilan-mondial-des-transitions-energetiques-de-laie/
Juin Renforcer la collaboration internationale pour accélérer les transitions sectorielles https://www.globalshift.ca/renforcer-la-collaboration-internationale-pour-accelerer-les-transitions-sectorielles/
Juillet L’efficacité énergétique pour une transition plus rapide, moins coûteuse et moins difficile à réaliser https://www.globalshift.ca/lefficacite-energetique-pour-une-transition-plus-rapide-moins-couteuse-et-moins-difficile-a-realiser/
Août Géopolitique de la transition énergétique (I) https://www.globalshift.ca/geopolitique-de-la-transition-energetique-i/
Septembre Géopolitique de la transition énergétique (II) https://www.globalshift.ca/geopolitique-de-la-transition-energetique-ii/
Octobre L’Édition 2023 du Forum Politique de Haut Niveau https://www.globalshift.ca/ledition-2023-du-forum-politique-de-haut-niveau/
Novembre Rapport de suivi des progrès de l’ODD7 https://www.globalshift.ca/rapport-de-suivi-des-progres-de-lodd7/
Décembre La COP de Dubaï, une COP pour repenser, relancer et recentrer l’agenda climatique https://www.globalshift.ca/la-cop-de-dubai-une-cop-pour-repenser-relancer-et-recentrer-lagenda-climatique/

A L’énergie et la transition énergétique ont été les vedettes de l’exercice. Sept (7) numéros du bulletin sur douze (12) leur ont été consacrés, ceux de février, mars, mai, juillet, août, septembre et novembre.

A1 – Le numéro de février, Rapport spécial de l’AIE sur les perspectives énergétiques de l’Afrique, porte sur le rapport Africa Energy Outlook préparé par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE – IEA) dans le cadre de ses Perspectives Énergétiques Mondiales de 2022 (World Energy Outlook – WEO 2022) et dans le contexte du processus préparatoire de la COP27 qui devait se tenir en Égypte fin 2022.

Le bulletin donne les grandes lignes de ce rapport en insistant sur le Scénario Afrique Durable (Sustainable Africa Scenario – SAS) à partir duquel il a été bâti, et sur ses principales conclusions.

Le Scénario Afrique durable (SAS) décrit une Afrique qui choisit un chemin de développement permettant d’atteindre tous ses objectifs liés à l’énergie, de réaliser ses Contributions Nationales Déterminées (CNDs) et de tenir les engagements annoncés à la COP26 en ce qui concerne l’objectif mondial de carboneutralité d’ici 2050.

Les simulations et les analyses conduites sur la base de ce Scénario ont permis de dégager des éléments de stratégies et de politiques dont le bulletin s’est fait l’écho et dont voici un aperçu.

Dans l’Afrique durable, une énergie abordable pour tous les Africains est la priorité absolue, laquelle exige l’accès universel, d’ici 2030, i) à une électricité abordable et ii) à des combustibles et des technologies de cuisson propres. Les cibles sont respectivement i) 90 millions de personnes raccordées au système électrique par an et ii) 130 millions de personnes abandonnant chaque année les combustibles de cuisson sales.

L’Afrique durable fait de l’électricité le socle de son développement économique en mettant en valeur son énorme potentiel en énergie solaire, un potentiel représentant 60% des meilleures ressources solaires mondiales et dont seulement 1% est aujourd’hui exploité.

L’Afrique durable utilise par ailleurs ce potentiel solaire et ses autres ressources renouvelables pour devenir un acteur de premier plan dans le domaine de l’hydrogène vert. Elle a en effet la capacité d’en produire 5 000 mégatonnes par an, l’équivalent de la consommation mondiale d’énergie aujourd’hui, à des coûts extrêmement concurrentiels (2 USD/kg, voire 1,5 USD/kg).

L’Afrique durable recentre ses ressources pétrolières et gazières sur la satisfaction de la demande de l’Afrique. Elle met à contribution les importants gisements de gaz naturel découverts au cours de la dernière décennie, notamment en Égypte, en Mauritanie, au Mozambique et au Sénégal, pour développer et étoffer son tissu industriel, en particulier dans la production d’engrais, d’acier et de ciment, ainsi que dans l’assemblage local de véhicules, d’appareils électroménagers et de systèmes solaires domestiques.

L’Afrique durable prend le contrôle de ses minéraux critiques de première importance pour les technologies bas carbone. Le continent détient en effet 40% des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine. Il contribue substantiellement à l’approvisionnement mondial pour le graphite, le manganèse ou le chrome. La RDC seule représente aujourd’hui 70% de la production mondiale de Cobalt

Une information abondante et détaillée sur les actions et les réformes nécessaires pour réussir cette transition est fournie dans le rapport spécial, lequel dégage ainsi des orientations et outille l’Afrique pour façonner elle-même son avenir en ce qui concerne notamment les infrastructures énergétiques, industrielles, de transport et de télécommunications.

Les différents porteurs d’enjeux africains disposent là des bases d’un développement clés en tête (Ki Zerbo) leur permettant de prendre des décisions éclairées de long terme et de créer les conditions pour qu’enfin l’Afrique commence à transformer ses avantages en ressources en avantages économiques.

A2 – Le numéro de mars, Pour la transition énergétique en cours, des réalités incontournables, revient sur le thème de la transition énergétique dans une perspective visant à partager une information d’intérêt sur la spécificité de la transition en cours et sur quelques réalités fondamentales qui doivent être prises en compte si l’on veut la réussir.

En s’appuyant sur les travaux de Vaclav Smil et sur un article de Liaison Énergie Francophonie tiré de ces travaux, il revient brièvement sur la longue histoire de l’énergie et des transitions successives, à travers :

  1. les sources d’énergie (plantes, animaux, biomasse, vent, soleil, charbon, pétrole, gaz, atome) qui les ont alimentées,
  2. les dispositifs de conversion (appareil digestif du chasseur-cueilleur, foyers à 3 pierres, fours, transistors…) qui les ont soutenues, et
  3. les forces motrices (muscle du chasseur-cueilleur ou du cheval de trait, moulins à eau ou à vent, machine ou turbine à vapeur, moteur à combustion interne ou moteur électrique…) qui les ont mues et transformées.

Cela a permis i) d’appréhender des spécificités de ces transitions, ii) de mettre en lumière les réalités fondamentales de celle qui est cours et iii) de les présenter.

Voici quelques-unes de ces spécificités.

  • Les transitions sont des processus graduels, multi-décennaux et intergénérationnels avec cependant des voies et des rythmes de progrès nationaux différents et divergents selon Smil. A l’échelle mondiale, le charbon minéral a mis 35 ans pour passer de 5% (1840) de l’approvisionnement mondial en énergie primaire à 25%, et 60 ans pour atteindre 50%. Dans le cas du pétrole, il a fallu 40 ans pour passer de 5% à 25%. Soixante (60) années ont été nécessaires pour le gaz naturel. A contrario, dans un pays comme le Japon, la part du pétrole dans l’approvisionnement en énergie primaire est passée de 6% à 72% en seulement 20 ans, entre 1950 en 1970.
  • Les transitions énergétiques passent non seulement par l’évolution des combustibles, mais aussi par la mise en place de nouveaux convertisseurs et de nouvelles forces motrices. Sans les turbines à gaz ou les moteurs à réaction, le kérosène issu du raffinage du pétrole n’aurait servi que pour l’éclairage. Il n’aurait pas révolutionné le transport avec l’aviation.
  • La domination d’une source d’énergie, d’un convertisseur ou d’une force motrice ne signe pas la disparition des autres. Le plus souvent, tous coexistent. La biomasse est toujours dans le décor. Le charbon n’est pas près de disparaître. Le muscle animal comme force motrice côtoie aujourd’hui les turboréacteurs et les moteurs électriques.

La transition énergétique en cours a d’autres spécificités qui la rendent unique. Ces spécificités tiennent de :

  • La principale raison qui la motive. Cette transition n’est pas due à des pénuries de ressources et à des prix excessifs, ni à la nécessité d’améliorer les rendements et d’accroître la fiabilité de l’approvisionnement. Les sources d’énergie qui l’alimentent sont abondantes, abordables et fiables. Les forces motrices sont performantes. Le seul objectif qui la motive, indique Smil, est l’élimination du carbone fossile de l’approvisionnement énergétique mondial.
  • L’ampleur qu’elle requiert. Une ampleur décourageante selon Smil, i) parce que, indique-t-il, notre dépendance aux combustibles fossiles est énorme (80 à 90 % selon les taux de conversion), ii) que la majeure partie de l’humanité, dans les pays en développement, en Asie du Sud-Est et en Afrique notamment, a besoin de plus d’énergie et iii) que cette dernière exigence ne peut être satisfaite par une expansion, même rapide, des énergies renouvelables.
  • Des caractéristiques (intermittence et faiblesse des densités d’énergie et de puissance) des sources d’énergie sur lesquelles cette transition doit se construire. Les technologies éoliennes et photovoltaïques sur lesquelles s’appuient la transition en cours sont aujourd’hui maîtrisées. C’est au niveau de l’intermittence de l’énergie qu’elles fournissent que se posent de sérieux problèmes de sûreté et de stabilité à partir de certains seuils dans les mix de production des réseaux qu’elles alimentent. Le stockage de l’énergie mis à contribution pour palier à l’intermittence doit encore progresser en termes de volume. En outre, ses densités d’énergie comparativement plus faibles (300Wh/kg pour les batteries contre 12 000Wh/kg pour les combustibles liquides) mettent hors de portée le transport aérien et le transport maritime intercontinental. A ces insuffisances s’ajoutent le manque d’alternatives commerciales non carbonées à la hauteur des besoins pour les secteurs difficiles à décarboner comme le chauffage urbain et les industries lourdes (Aciérie, cimenterie, …)

Il y a encore loin de la coupe aux lèvres comme le dit avec lucidité Vaclav Smil en des termes moins diplomatiques. « Toute suggestion selon laquelle la décarbonation mondiale peut être accomplie en seulement deux ou trois décennies est totalement irréaliste et irresponsable. »

A3 – Le numéro de mai, Le bilan mondial des transitions énergétiques de l’AIE, porte sur la contribution proposée par l’Agence internationale de l’Énergie (AIE) au premier Bilan Mondial (Global Stocktake) de l’Accord de Paris sur le climat.

Il est centré sur les indicateurs mondiaux clés utilisés par l’AIE pour dresser l’état des lieux des transitions et donner « une image précise et objective de la situation actuelle et des trajectoires sur lesquelles nous nous trouvons » dans notre quête de la carboneutralité d’ici 2050.

Il rappelle en premier lieu le contexte dans lequel se situe cet état des lieux des transitions. Ce contexte, comme indiqué, est celui du processus préparatoire du premier Bilan mondial de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat. Les résultats de ce bilan qu’il est prévu de faire tous les cinq ans, devraient permettre d’éclairer toutes les Parties dans l’actualisation et le renforcement de leurs mesures de lutte contre le changement climatique, leurs Contributions Déterminées au niveau National (CDN) notamment, et de leurs appuis en ce qui concerne plus particulièrement les pays développés.

En second lieu, le bulletin propose un rappel illustré des solutions clés préconisées par l’AIE – à partir des résultats de son Scénario Zéro Émissions Nettes d’ici 2050 (ZÉN2050) – pour placer les émissions mondiales sur une trajectoire d’évolution compatible avec l’objectif de carboneutralité d’ici 2050 et donc de limitation du réchauffement à 1,5°C. Ces solutions clés concernent notamment les énergies renouvelables, le rendement énergétique, l’électrification, la bioénergie, le CUSC (Captage, Utilisation et Stockage du Carbone), l’hydrogène et les changements de comportement. Pour chacune de ces solutions, des jalon essentiels sont définis sur le long chemin menant à la carboneutralité

La troisième partie du bulletin présente les indicateurs mondiaux de suivi des transitions que l’AIE renseigne et diffuse sur une base régulière dans le cadre d’une série de rapports d’analyse faisant partie du bilan des transitions énergétiques. Ces indicateurs permettent de situer les progrès par rapport aux jalons rappelés ci-dessus. Le bulletin en présente quelques-uns sous forme de graphiques commentés tirés de ces rapports, s’agissant notamment i) des énergies propres, leurs technologies et leur financement, ii) de l’accès universel aux services énergétiques, iii) de l’état des émissions de CO2 et iv) de la coopération internationale comme facteur d’accélération des transitions.

Les progrès sont indéniables dans la plupart des cas. Mais certains revers subis rappellent à juste raison qu’il y a encore beaucoup de pain sur la planche si l’on veut rester sur une trajectoire vertueuse d’évolution des émissions. Il est attendu du 1er Bilan mondial de l’Accord de Paris sur le climat qu’il batte le rappel et mobilise les pays sur des objectifs plus ambitieux dans la nécessaire révision de leurs engagements. Et dans ce contexte, les solutions clés que l’AIE propose pour les systèmes énergétiques gagneraient à être dûment considérées. Il importe ici de rappeler que le renforcement de la coopération internationale participe aussi de ces solutions.

A4 – Le numéro de juillet, L’efficacité énergétique pour une transition plus rapide, moins coûteuse et moins difficile à réaliser, porte sur le dossier The value of urgent action on energy efficiency produit par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), courant juin 2022, en amont de sa 7e Conférence mondiale sur l’efficacité énergétique.

Il rappelle, d’entrée de jeu, le rôle de premier plan que tient l’efficacité énergétique dans le Scénario Zéro Émissions Nettes d’ici 2050 (ZÉN2050 -NZE2050) de l’AIE qui définit pour le secteur de l’énergie la trajectoire optimale d’émission et les gestes concrets à poser pour réaliser la carboneutralité d’ici 2050. Elle y est considérée comme le « premier combustible » dont la mobilisation précoce reste le meilleur gage pour une transition énergétique vers le zéro émissions nettes plus rapide, moins coûteuse et moins difficile à réaliser.

Il présente par la suite le dossier suivant ses deux principaux volets dont i) le premier porte sur les faits saillants justifiant l’urgence d’agir et indiquant comment agir et ii) le second sur une Boîte à outil qui fournit aux gouvernements une approche pratique pour conduire et accélérer l’action en matière d’efficacité énergétique.

Les faits saillants relevés concernent, d’une part, les tendances récentes observées au niveau de l’efficacité énergétique et, d’autre part, la façon dont l’efficacité énergétique est mise à contribution dans le Scénario NZE2050 pour réussir la transition vers la carboneutralité.

Un retour sur le passé récent montre que les politiques d’efficacité énergétique se sont notablement renforcées à l’échelle mondiale, indique l’AIE. On note ainsi, en 2022, un taux d’amélioration de 2,2%, le double de la moyenne des cinq dernières années. Cela aurait permis de diviser par trois le taux d’évolution de la demande mondiale d’énergie. Les ventes des technologies clés d’efficacité énergétique seraient en plein essor, s’agissant notamment des pompes à chaleur et des véhicules électriques, et l’investissement dans l’efficacité énergétique devrait atteindre des niveaux record en 2023.

Pour un futur énergétique plus efficient, dans la perspective de la transition souhaitée, il faudra, selon le Scénario NZE2050 de l’AIE, i) doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique en le montant jusqu’à 4%, ii) tripler les investissements en matière d’efficacité énergétique et surtout, iii) accélérer la mise en œuvre des politiques d’efficacité énergétique existantes.

C’est à ce dernier niveau qu’intervient la boîte à outils des politiques d’efficacité énergétique que propose l’AIE. Le principal objectif de cette boîte à outils est de soutenir, renforcer davantage et accélérer l’action des gouvernements dans le domaine de l’efficacité énergétique en les guidant dans la conception des politiques, dans les processus de prise de décision et dans la mise en œuvre. Les 8 outils proposés traitent respectivement des principes et du cadre général des politiques d’efficacité énergétique (1); de l’efficacité énergétique dans l’électroménager (2), les Bâtiments (3), l’industrie (4), les véhicules (5), les Villes (6), la cuisson propre (7); et du financement (8). Les politiques recommandées combinent les trois principaux types de mécanismes que sont le règlementation, l’information et les incitations.

Ces outils constituent la clé d’un futur énergétique plus propre et plus efficient. Leur mise en œuvre réussie au cours de cette décennie est le meilleur gage, nous dit l’AIE, pour réussir la nécessaire transition vers un monde capable de limiter le réchauffement de son climat en dessous du seuil critique de 1,5°C.

A5/6 – Les numéros d’août et de septembre portent sur la Géopolitique de la transition énergétique. Ils s’appuient sur des publications récentes sur le sujet et principalement sur l’article The geopolitics of energy system transformation: a review, une revue de littérature réalisée courant 2021 par Blondeel et col., pour préciser la nature de cette transition et en rappeler les principaux enjeux autour desquels se dessine une nouvelle façon de l’approcher et de la traiter.

Le numéro d’août est centré sur le contexte dans lequel cette nouvelle géopolitique est née. Il définit la transition en cours en en précisant la nature et les différents processus qu’elle sous-tend.

Le contexte est celui des stratégies zéro émissions nettes, lesquelles i) inspirent aujourd’hui la presque totalité des politiques économiques et notamment les politiques de l’énergie, nationales, régionales et mondiales et ii) sont à l’origine d’une transition énergétique sans précédent qui est en train de bouleverser l’ordre énergétique existant et avec lui, les équilibres géopolitiques traditionnels.

La transformation en cours dans le secteur de l’énergie est, selon la revue, un double processus comprenant i) des « transitions énergétiques à faible intensité de carbone » dans lesquelles une part croissante de la demande d’énergie est satisfaite par des sources d’énergie non fossiles et à faible émission de carbone, et ii) des «°transitions à forte intensité de carbone°» qui entraînent une baisse de la demande de combustibles fossiles.

Le numéro de septembre est lui centré sur les enjeux et les défis de ce double processus et sur l’approche qui permettrait de réussir la transition, dans l’intérêt bien compris de toutes les parties prenantes.

Les enjeux et les défis sont multiples et le plus souvent confligènes avec de nouveaux perdants dont certains sont les dominants d’hier, avec aussi les nouveaux problèmes que vont poser le ‘’carbone imbrûlé’’, les ‘’actifs échoués’’, le désinvestissement, le verrou carbone, l’activisme climatique, le commerce des matériaux critiques et des nouveaux vecteurs énergétiques comme l’hydrogène vert.

La conclusion de la revue est que les approches actuelles de la géopolitique ne sont pas suffisantes pour cerner ces multiples aspects. Elle recommande une approche mondiale intégrée qui cartographieles deux côtés de la transformation (forte intensité de carbone et basse intensité de carbone) et les interactions entre eux pour dégager des stratégies qui permettraient de réduire les tensions et les conflits susceptibles de ralentir les progrès de la décarbonation.

Seule cette approche mondiale intégrée de la géopolitique permettrait, indique la revue, i) de bien comprendre les relations complexes entre la politique et les systèmes énergétiques en évolution, ii) de mettre en lumière les différents facteurs dont dépendent la forme et le rythme des transformations du système énergétique, à savoir les intérêts réels et perçus de toutes les parties prenantes impliquées, les menaces et les vulnérabilités et, iii) de déterminer, de la sorte, les conditions d’une transition gérée et juste sans laquelle les tensions et les conflits géopolitiques ralentiraient la progression vers la carboneutralité.

A7 – Le numéro de novembre, Rapport de suivi des progrès de l’ODD7, porte sur l’édition 2023 de ce rapport, Tracking SDG 7: The Energy Progress Report 2023. Il en rappelle l’objet et les objectifs puis fait un bref retour sur l’ODD7, sa raison d’être, les enjeux et les défis qu’il porte, avant de donner un aperçu illustré des progrès réalisés et des lacunes observées dans sa mise en œuvre.

L’Objectif de Développement Durable numéro 7, l’ODD7, est celui des 17 objectifs globaux de l’agenda 2030 dédié à l’énergie. Il vise à « garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable »

L’ODD7 fait l’objet, depuis 2018, d’un rapport annuel produit par 5 éminentes agences dépositaires chargées par les Nations Unies de suivre les progrès réalisés dans sa mise en œuvre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), la Division de statistique des Nations Unies (UNSD), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ce qui ressort clairement du rapport de suivi, c’est que le rythme actuel des progrès n’est pas suffisant pour atteindre en 2030 les jalons fixés pour l’ODD7, en ce qui concerne notamment l’accès universel à l’électricité et à la cuisson propre, l’intensité énergétique, la part des renouvelables dans les mix énergétiques nationaux, et les flux financiers internationaux vers les pays en développement en faveur de l’énergie propre.

Les agences dépositaires recommandent au monde, encore plus d’efforts sur ces différents fronts, s’il veut se remettre sur la bonne voie pour l’atteinte de l’ODD7. Le jeu en vaut la chandelle indiquent-elles. Car « une transition énergétique suffisamment ambitieuse pour atteindre l’ODD 7 peut également contribuer à atteindre d’autres objectifs sociaux et économiques. Grâce à des politiques holistiques idoines, cette transition peut en effet favoriser une croissance économique durable, créer des emplois et améliorer le bien-être ».

B – Le climat a été l’objet de trois numéros du bulletin, ceux d’avril, de juin et de décembre

B1 – Le numéro d’avril, Rapport de synthèse du sixième cycle d’évaluation du GIEC, revient sur le 6e Cycle d’évaluation du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’évolution du Climat (GIEC) et notamment sur rapport qui le clôt.

Dans ce rapport bâti à partir des conclusions et recommandations des contributions de ses trois groupes spécialisés de travail et des trois rapports spéciaux qu’il a publiés sur la période d’évaluation, le GIEC propose un résumé opérationnel de l’état des connaissances scientifiques sur les changements climatiques et des preuves matérielles de ces changements.

C’est désormais sans ambiguïté, sans équivoque indique-t-il, qu’il se prononce sur le réchauffement climatique et ses impacts, et sur les mesures que le monde prend pour les atténuer ou pour s’y adapter. « Les activités humaines ont, sans équivoque, causé le réchauffement climatique, avec une température de surface mondiale dépassant de 1,1°C son niveau de la période 1850 – 1900 » et, ajoute-t-il, « Le rythme et l’ampleur de l’action climatique sont insuffisants pour lutter contre le changement climatique »

Il donne un aperçu des tendances et des risques, ainsi que des réponses envisagées pour le long terme. Il récapitule les mesures spécifiques qui doivent être prises dès maintenant pour, à la fois, prévenir un réchauffement catastrophique et soutenir l’adaptation aux changements inévitables.

Le message qui clôture la présentation qu’il a faite lors du lancement du Rapport de Synthèse, attire notre attention sur l’importance stratégique des décisions que nous prenons aujourd’hui en ce qui concerne l’action climatique. « Nos choix se répercuteront sur des centaines, voire des milliers d’années », nous dit-il. Avec la panoplie des mesures détaillées, chiffrées et synthétisées dans moult Résumés à l’intention des Décideurs, le monde dispose de toute l’information dont il est besoin pour décider et pour faire ces choix.

Ce qu’il faut savoir et que le GIEC n’a cessé de répéter tout au long de son 6ème Cycle d’évaluation, c’est que ces choix détermineront quelle Terre nous voulons laisser aux générations futures, celles auxquelles nous l’empruntons, et que « c’est maintenant ou jamais » que ces choix doivent être faits.

B2 – Le numéro de juin, Renforcer la collaboration internationale pour accélérer les transitions sectorielles, porte sur le premier rapport d’étape du Breakthrough Agenda – l’Agenda des percées.

Le bulletin rappelle dans un premier temps ce qu’est l’Agenda des percées, ses objectifs, son processus et les secteurs clés sur lesquels porte son action à court terme. L’Agenda a été adopté et lancé à la COP26 par une coalition de 45 dirigeants mondiaux dont les gouvernements représentent collectivement plus de la moitié du PIB mondial. Il s’agit d’une plate-forme de travail permettant aux pays, aux entreprises et à la société civile d’unir et de renforcer leurs actions chaque année dans les principaux secteurs émetteurs avec l’ambition de « faire des technologies propres et des solutions durables l’option la plus abordable, la plus accessible et la plus attrayante dans toutes les régions d’ici 2030 ». L’agenda a ciblé dans sa phase actuelle cinq secteurs clés, ceux de l’électricité, de l’hydrogène, de l’acier, du transport routier et de l’agriculture.

Le bulletin présente par la suite le premier rapport d’étape de l’Agenda, coproduit en septembre 2022, par l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) et les Champions de haut niveau des Nations Unies pour le Climat. Le cœur de ce rapport de 181 pages est constitué des 5 chapitres relatifs aux 5 secteurs clés. Il situe l’importance stratégique de chacun de ces secteurs dans la quête de la carboneutralité, énonce les objectifs clés à y réaliser, présente les stratégies d’action retenues pour atteindre ces objectifs, et fait part des initiatives nombreuses et variées prises aux échelles régionales et internationales pour y réussir la transition. L’état des lieux qu’il dresse de la collaboration internationale dans le secteur permet de déterminer à quel niveau cette collaboration doit intervenir, et de quelles manières, pour accélérer et réussir la transition dans les délais requis. Le bulletin donne un aperçu de ces éléments pour deux des secteurs clés, l’énergie et le transport routier.

Une série de 30 recommandations concluent le rapport. Elles portent sur différents mécanismes permettant de renforcer l’effet multiplicateur de la collaboration internationale considérée comme l’instrument à privilégier pour réussir, dans les délais requis, la transformation de l’économie mondiale dans une perspective visant la carboneutralité. Elles s’inscrivent bien, de ce point de vue, dans l’esprit de l’Agenda des percées qui se veut un cadre de collaboration internationale, laquelle est seule à même « d’accélérer l’innovation, créer des signaux plus forts en faveur de l’investissement et de plus grandes économies d’échelle, et établir des conditions de concurrence équitables là où cela est nécessaire pour faire en sorte que la concurrence soit un moteur de la transition et non un frein ».

B3 – Le numéro de décembre, La COP de Dubaï, une COP pour repenser, relancer et recentrer l’agenda climatique, est centré sur le Premier Bilan Mondial (BM) de l’Action climatique mondiale dont l’examen et l’adoption étaient les principales tâches de la 26e Conférence des Parties (COP 26) à la Convention cadre des Nations Unies sur le Changement climatique (CCNUCC), une occasion de repenser collectivement, relancer et recentrer l’Agenda climatique.

Le BM a été institué par l’Accord de Paris, en son article 14, « afin d’évaluer les progrès collectifs accomplis dans la réalisation de l’objet de l’Accord et de ses buts à long terme ». Le premier devait intervenir en 2023, soit 2 ans avant 2025, date prévue par l’Accord pour l’adoption des Contributions Déterminées au nveau National (CDN) de deuxième génération.

Le bulletin présente le processus d’élaboration et les résultats du Bilan. Le processus a été pensé et organisé pour permettre la pleine participation des différentes parties prenantes et, partant, une saine et avantageuse appropriation de ses résultats dont notamment le récit commun du passé qu’il a permis de produire. Ce récit parle de résultats lamentables. « Ils ont lutté pour parvenir à un récit commun du passé. Personne ne pouvait cacher les résultats désastreux de la phase technique des 18 mois du Bilan mondial. Les émissions dépassent ce qui devrait se produire dans le cadre des CDN existantes, qui elles-mêmes ne suffisent pas à maintenir la hausse de la température mondiale en dessous de 2°C, sans parler de 1,5°C. Les lacunes sont nombreuses en matière d’émissions, d’adaptation et de financement », écrit IISD dans la Synthèse que fait de la COP28 le Bulletin des Négociations de la Terre[3] ».

Ce récit commun, cette communauté de vue, a été utile dans les négociations, et déterminant dans certaines des décisions prises par la COP28. Le consensus sur « le début de la fin » de l’ère des combustibles fossiles crié sur tous les toits et toiles du monde, n’a pu être arraché que dans ce contexte particulier.

L’accord final adopté avec soulagement le 13 décembre par la COP28, reprend pour l’essentiel, en les aménageant parfois au gré des consensus dégagés, les conclusions et messages clés issus du processus qui a produit ce récit.

Le bulletin propose des extraits de cet accord pour en montrer la richesse et la pertinence en ce qui concerne l’action climatique mondiale au cours des prochaines années. Il sera en effet la base de la prochaine génération des Contributions Déterminées au niveau National (CDN), des Plans Nationaux d’Adaptation à venir et des nouveaux Mécanismes de Financement dont il est attendu qu’ils soient beaucoup plus ambitieux et plus efficaces, pour que le prochain récit commun « ne verse pas les figures par terre » et donne au contraire de bonnes raisons d’espérer.

C – L’Agenda 2030 n’a été couvert cette année que par un seul numéro du bulletin, celui du mois d’octobre.

C1 – Le numéro d’octobre, L’Édition 2023 du Forum Politique de Haut Niveau (FPHN), présente les principaux résultats de l’édition 2023 du FPHN avec un focus sur la Déclaration politique adoptée par le Sommet ODD, son volet de haut niveau. Il propose, en amont, un bref rappel sur le Forum.

Le Forum Politique de Haut Niveau pour le Développement durable (FPHN – HLPF) est la plate-forme centrale des Nations Unies pour le suivi et l’examen, au niveau mondial, de l’Agenda 2030 pour le développement durable et de ses ojectifs, les 17 ODD[4].

A sa création en 2012, Il a été décidé que le Forum se réunirait chaque année, sous les auspices du Conseil Économique et Social (ECOSOC), et tous les 4 ans, au niveau des chefs d’État et de gouvernement, sous les auspices de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU).

L’édition 2023 du Forum comporte ainsi deux volets, i) le Sommet sur les ODD qui s’est tenu les 18 et 19 septembre sour les auspices de l’AGNU et ii) la session annuelle, du 10 au 19 juillet, sous les auspice de l’ECOSOC.

Cette édition 2023 du FPHN se tient à mi-parcours du chemin tracé pour la réalisation du Programme de Développement Durable à l’Horizon 2030 et des ODD. Selon le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Gutteres, il devait être « un moment d’unité pour donner un nouvel élan et accélérer les actions pour atteindre les ODD ». Il devait surtout, pour beaucoup, proposer un plan de sauvetage, corriger le cap, accélérer la mise en œuvre pour sortir ce Programme des difficultés.

Le bilan de cette mise en œuvre frise en effet la catastrophe, aux dires de certains acteurs de développement. Le Rapport de 2023 sur les ODD[5] dit la même chose avec des chiffres. « Nous laissons de côté plus de la moitié du monde. Les progrès de plus de 50 % des cibles des objectifs de développement durable (ODD) sont faibles et insuffisants; pour 30 %, ils stagnent ou reculent. Ce sont les cibles clefs sur la pauvreté, la faim et le climat qui sont touchées ».

La Déclaration politique adoptée à l’issue du Sommet ODD s’inscrit dans le même registre.

Dans cette déclaration, les Chefs d’État et de Gouvernement expriment leur inquiétude devant les reculs observés dans la mise en œuvre des ODD. Ils rappellent les engagements qu’ils ont pris à ce niveau pour réafirmer avec force leur intention de mettre en œuvre avec efficacité l’Agenda 2030 considéré comme leur « point de repère cardinal pour parvenir au développement durable et surmonter les multiples crises que nous traversons ».

Ils reconnaissent que le monde a changé depuis l’adoption, en 2015, de l’Agenda 2030, que quelques progrès ont été accomplis, « dans un nombre limité de domaines », que les lacunes à combler sont encore nombreuses. Les « crises en cascades » que connaît le monde, crises climatiques ou sanitaires, conflits armés et instabilités politiques, montrent que de nombreux défis restent à relever. « Si nous ne rectifions pas le tir et si nous n’activons pas avec diligence la réalisation des objectifs de développement durable, notre monde est voué à la pauvreté chronique, à des périodes de crise prolongées et à une incertitude croissante », mettent-ils en garde.

Leur appel à l’action qui clôt la Déclaration s’inscrit dans cette perspective. Il porte sur différentes mesures à prendre d’urgence pour « inverser le déclin et accélérer les progrès » dans la mise en œuvre des ODD. Le renforcement des moyens de mise en œuvre et notamment des financements pour les pays en développement participe de ces mesures.

  • Perspectives 2024

Avec la crise ukrainienne qui perdure et la crise israélo-palestinienne qui menace d’embraser tout le Moyen-Orient, l’année 2024 est mal partie pour être « l’année de la rupture » tant souhaitée par le Secrétaire général des Nations Unies[6] pour « en finir avec le cycle de marasme » que connaît l’économie mondiale. En effet, selon le rapport Situation et perspectives de l’économie mondiale 2024 du Département des Affaires Économique et Sociales des Nations Unies (UNDESA) publié début janvier 2024, c’est à « une période prolongée de faible croissance économique » susceptible de compromettre les progrès en matière de développement durable qu’il faut s’attendre.« La persistance de taux d’intérêt élevés, l’escalade potentielle des conflits, la morosité du commerce international et l’augmentation des catastrophes climatiques posent des défis importants à l’économie mondiale [7]», précise-t-il.

La veille active assurée par le bulletin dans nos champs de compétence permettra de rendre compte de la façon dont ces défis y évoluent et y sont pris en compte, en ce qui concerne notamment la mise en œuvre de l’Agenda 2030, avec l’emphase habituelle sur l’énergie et le climat.

L’année verra la fin du mandat de la BOAD sur la carboneutralité et la confortation de l’expertise développée par GSI dans ce domaine.

2024 devrait voir l’aboutissement des efforts déployés pour mieux enraciner GSI dans son milieu, au-delà de ses activités internationales.

  • Conclusion

L’année 2023 a commencé avec l’annonce de la préparation d’une contre-offensive ukrainienne confirmant la poursuite de la crise éponyme. Elle s’est terminée avec les images insupportables d’une énième reprise des hostilités entre Israéliens et la Palestiniens.

C’est cependant l’année qui a vu l’Iran et l’Arabie Saoudite se réconcilier sous l’égide de la Chine, et les BRICS s’élargir avec l’accueil de six nouveaux membres, des évènements géopolitiques majeurs qui sont le reflet d’un monde qui se multipolarise plus qu’il ne se multilatéralise, un monde désormais plus exigeant en termes de concertation pour une gestion partagée et équilibrée des biens publics mondiaux, une gestion sans laquelle l’avenir que nous voulons, le monde sans guerre, sans pauvreté, avec un environnement sain que promeut l’Agenda 2030, tiennent de la chimère.

Les records de chaleur battus partout dans le monde cette année, les inondations répétées sous toutes les latitudes, donnent la mesure de notre incapacité à protéger notre climat et donc de tels biens, en même temps qu’ils renforcent, il faut l’espérer, notre conscience de la communauté de ces biens.

Dans le bilan qu’elle dresse de 2023, la Banque Mondialerevient sur la crise climatique en rappelant qu’elle « n’épargne personne ni aucune économie », soulignant des résultats peu reluisants en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté (au point mort) ou la gestion de la dette extérieure (en augmentation dans toutes les régions).

C’est dans ce contexte général que Global Shift Institute a conduit ses différentes activités dont ce numéro du bulletin a rendu compte.

Ce compte rendu a été centré sur le travail de veille assurée avec le bulletin dont les thématiques ont continué de s’inscrire dans la dynamique du Programme de Développement durable à l’Horizon 2030 et dans sa perspective visant la transformation de notre monde. L’énergie et la transition énergétique ont été les sujets centraux du Bulletin. La mise en œuvre de l’Agenda 2030 et le climat constituent les autres thématiques couvertes cette année. Des synthèses motivées de chacun des articles sont proposées. Celles des numéros de février et mars sont d’intérêt, comme celle des deux numéros centrés sur la Géopolitique de la transition énergétique.

Le bilan fait aussi part des mandats conduits, notamment dans les domaine de la carboneutralité et de la géomatique, ainsi que des formations dans lesquelles des experts de GSI ont été impliqués.

L’année 2024 verra la fin du mandat sur la carboneutralité et la confortation de l’expertise développée par GSI dans ce domaine. Elle devrait voir l’aboutissement des efforts déployés par GSI pour mieux s’enraciner dans son milieu, au-delà de ses activités internationales.


[1] Banque mondiale, 2023 en neuf graphiques : les inégalités se creusent dans le monde, https://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2023/12/18/2023-in-nine-charts-a-growing-inequality

[2] The National Forest Stewardship Standard (NFSS) does not address the requirements related to Motion 65 on Intact Forest Landscapes, https://ca.fsc.org/ca-en/forest-management/intact-forest-landscapes

[3] Ibiden

[4] UN, High-Level Political Forum, https://hlpf.un.org/

[5] Nations Unies, Vers un Plan de sauvetage pour l’humanité et la planète, Rapport sur les ODD 2023,

[6] UN, L’actualité mondiale; un regard humain, ONU Info, 4 janvier 2024, La croissance économique mondiale va ralentir cette année, prévoit l’ONU | ONU Info (un.org)

[7] UNDESA, Feature ,January 2024, https://www.un.org/development/desa/un-desa-voice/feature/2024/01