Penser les ODD comme Moyens de Mise en Œuvre 

Mars 2017
Autant 2016 a été une année de sensibilisation et d’information sur le cadre de collaboration mondial que constituent l’Agenda 2030 pour le développement durable et les ODD, autant 2017 se veut l’année du passage à l’acte et de la mise en œuvre effective des engagements pris en septembre 2015 avec l’adoption de ce cadre de collaboration.
Dans cette nouvelle phase de l’ambitieux processus lancé par Rio+20, le principal défi reste celui des Moyens de Mise en Œuvre (MMŒ). C’est, en soi, pour relever ce défi de taille qu’on a doté chaque ODD de cibles MMŒ et qu’on y a dédié tout un ODD, l’ODD 17. Le Plan d’Action d’Addis-Abeba(PAAA)^[1] qui propose un cadre global de financement du développement pour l’après 2015 y est entièrement consacré.
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Il y a surtout comme un hiatus entre, d’une part, la réalité que connaissent beaucoup de pays et, d’autre part, les grandes orientations et les très bonnes intentions dont regorgent ces cibles MMŒ, l’ODD dédié et le PAAA. En ce qui concerne tout particulièrement les pays en développement, le gap abyssal entre les besoins à satisfaire et les ressources disponibles alimente le débat sur la nécessité de prioriser les cibles, et même les ODD, dans le but d’optimiser l’affectation des maigres ressources disponibles.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer le remarquable article de Mark Elder et coll^[2], Analyse optimiste des moyens de mise en œuvre des ODD : penser les ODD comme moyens, une analyse qui conduit les auteurs à conclure que le Moyen de Mise en œuvre (MMŒ) qui requiert le plus d’attention est le renforcement des capacités au niveau de la gouvernance et de la coordination. Trois idées forces les conduisent à cette conclusion.
La 1^ère idée est que la plupart des ODD sont en eux-mêmes des MMŒ – ou des résultats intermédiaires – qui contribuent à la réalisation d’autres ODD de niveau plus élevé, la santé, le bien-être et la sécurité humaines. La structure des ODD est l’arbre qui cache la forêt, celle du complexe enchevêtrement de nombreux Objectifs et Cibles intermédiaires interconnectés à de nombreux Objectifs et Cibles MMŒ. Elle cache ainsi le fait que les ODD n’ont pas tous les mêmes fonctions (voir figure 1 ci-dessous). Les ODD 6 (eau) et 7 (énergie) tiennent par exemple de la fourniture de ressources, alors que les ODD 3 (santé) et 4 (éducation) participent de la création de bonnes conditions de réussite.

La seconde idée est qu’un accent plus important sur les liens et les synergies entre les différents ODD est de nature à améliorer l’efficacité de la mise en œuvre et, dans une certaine mesure, à réduire les coûts connexes. Les ODD devraient, en effet, être mis en œuvre comme un tout, comme un ensemble dont les parties se soutiennent mutuellement. Ne sont-ils pas, après tout, pour la plupart, des moyens ou des résultats intermédiaires ? Les considérer comme tels est un changement radical de perspective qui aiderait de beaucoup les porteurs d’enjeux à mieux visualiser les liens et les synergies qui existent entre eux, ainsi que les potentiels de réduction de couts en résultant. Cela les inciterait à adopter, pour leur mise en œuvre, une approche plus intégratrice et à renforcer la coopération.
La 3ème idée est qu’une mise en œuvre perçue comme telle, intégrée et collaborative, exigera des capacités renforcées en matière de gouvernance et de coordination, ramenant au centre du jeu les capacités humaines et institutionnelles. Le renforcement de telles capacités apparaît ainsi comme le MMŒ central, celui qui requiert le plus d’attention. Il est effet une condition préalable à la mobilisation et au déploiement efficaces de tous les autres MMŒ.
Cela relativise de beaucoup, l’énorme importance accordée, ici là, au financement, et permet d’envisager l’avenir avec optimisme en ce qui concerne la faisabilité financière des ODD. Le renforcement des capacités visées, s’il est réussi, peut en effet notablement changer la donne en termes de mobilisation et de répartition de cette précieuse ressource, et surtout en terme d’utilisation réussie dans le sens des effets escomptés et des impacts visés.
C’est ainsi, à juste raison, que l’article recommande de mettre l’accent sur le renforcement des capacités de coordination et de gouvernance aux premiers stades de la mise en œuvre des ODD, de se préoccuper davantage de ce MMŒ bien à la portée de toutes les parties prenantes en cette année de passage à l’acte pour la réalisation des engagements pris par les Chefs d’État et de Gouvernement en septembre 2015, au siège des Nations Unies.

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Références: