En cette année 2017 qui se veut, comme nous l’indiquions dans le bulletin de mars, une année de passage à l’acte pour la réalisation de l’Agenda 2030 et des ODD, nous sommes heureux de saluer la publication, par la Banque Mondiale, de son Atlas 2017 des Objectifs de Développement Durable[1].
Contexte
Il fallait aux pays et à tous ceux qui participent à cette œuvre collective de construction d’un monde où il fait meilleur vivre, un instrument de mesure objectif permettant de quantifier les progrès accomplis, mettre en évidence les questions clés exigeant des réponses appropriées, déterminer les écarts à combler sur la voie vers ce monde rêvé.
Le Groupe de Travail Ouvert sur les ODD, le GTO, s’est même employé à produire un cahier de charge dans lequel ressortaient, entre autres, les deux caractéristiques suivantes:
- L’universalité, l’outil devant permettre de comparer les résultats des pays ou de s’adapter aux contextes nationaux ou régionaux;
- L’inclusivité, pour ne laisser personne de côté, en offrant la possibilité, avec la désagrégation des données, de faire les nécessaires discriminations positives, s’il y a lieu, par l’âge, la géographie, les conditions physiques (handicaps), le revenu ou la vulnérabilité sociale.
L’atlas 2017 des ODD
Avec son Atlas 2017 des ODD, la Banque mondiale met à la disposition de la communauté des acteurs de développement un tel instrument qui, à l’usage, paraît bien répondre aux exigences d’universalité et d’inclusivité.
L’atlas a été élaboré à partir de la Base de données World Development Indicators (WDI-Indicateurs de Développement Mondial)[2] le recueil de statistiques de la Banque sur le développement et les conditions de vie dans tous les pays du monde, statistiques basées sur 1 400 indicateurs de plus de 220 économies, et remontant jusqu’à 50 ans.
Il propose pour chaque ODD, des cartes, des graphiques et des analyses permettant d’illustrer les défis, les tendances et, surtout, les progrès accomplis sur la voie de la réalisation des ODD ainsi que les retards accusés.
L’atlas est disponible sous la forme d’un fichier qu’on peut télécharger. Mais il faut le voir en ligne[3] pour en apprécier l’ampleur et la souplesse d’utilisation permettant de passer des résultats globaux aux résultats régionaux, puis nationaux. Des curseurs actifs permettent de suivre, dans certains cas, l’évolution de différents paramètres dans le temps.
En voici, ci-dessous, un bref aperçu.
En poussant le curseur de 1993 à 2013, on peut voir comment a évolué dans le temps et dans différents pays, le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté.
Part de la population en état de sous-alimentation (%)
Pour chacune des 169 cibles des 17 ODD, l’Atlas en ligne permet de situer chaque pays du monde, ici la Côte d’Ivoire, par rapport au reste du monde et à sa Région d’appartenance.
Dans la plupart des pays les femmes dominent dans les métiers de la santé et de l’éducation, les hommes dans ceux de l’ingénierie et des sciences
En 25 ans, la Chine a fait autant de gains en surface forestière que le Brésil de pertes.
L’Atlas permettra par ailleurs de faire des analyses approfondies en ce qui concerne le chemin parcouru, les éventuels reculs ou les bifurcations à prendre pour atteindre les cibles. L’extrait suivant de l’Atlas 2017 des ODD est intéressant de ce point de vue.
« Entre 1990 et 2013, près d’un Milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté. L’élimination de ce fléau est maintenant une perspective réaliste, bien que cela nécessitera à la fois une croissance soutenue et des inégalités réduites. Même alors, les inégalités entre sexes continueront de freiner le potentiel humain.
La sous-alimentation et le retard de croissance ont été réduits de moitié depuis 1990, malgré une augmentation des pertes de nourriture, alors que le fardeau des maladies infectieuses a également diminué. L’accès à l’eau s’est élargi, mais les progrès en matière d’assainissement ont été plus lents. Pour un trop grand nombre de personnes, l’accès aux soins de santé et à l’éducation dépend toujours de moyens financiers personnels.
À ce jour, le coût environnemental de la croissance a été élevé. Les dommages accumulés aux écosystèmes océaniques et terrestres sont considérables. Mais des signes d’espoir existent : si les émissions de gaz à effet de serre sont à des niveaux record, le développement des capacités en énergie renouvelable n’est pas en reste »
Conclusion
Même si l’Atlas 2017 des ODD de la Banque Mondiale peut apparaître comme la reconfiguration, voire le recyclage, de publications qu’elle fait déjà depuis quelques années, il répond bien aux caractéristiques recherchées par le GTO pour l’Atlas des ODD, celles d’universalité et d’inclusivité, celles d’un instrument de mesure permettant de quantifier les progrès accomplis et de mettre en évidence les questions clés à traiter. Tant aux planificateurs sectoriels, nationaux que régionaux, il procure l’information nécessaire pour construire des situations de référence réalistes, déterminer la voie à suivre pour construire le développement désiré, mesurer le chemin parcouru et déterminer les correctifs à apporter pour revenir sur le parcours fixé. Il a, avec la Base de données WDI (Indicateurs de Développement Mondial) de la Banque Mondiale, toute la profondeur temporelle requise.
Il constitue, dans cette perspective, un pas décisif dans la direction du parti pris pour la mise en œuvre prôné dans la phase actuelle de construction d’un monde sans pauvreté, offrant partout et à tous, une vie digne et pleine d’opportunités.
[1] Banque Mondiale, Atlas 2017 des ODD
[2] Banque mondiale, World Development Indicators
[3] Banque Mondiale, interactive dashboards of SDG data