ODDs, où en sommes-nous?

Trois décennies après la publication de Notre avenir à tous^[1], le fameux rapport Brundtland, qui a, le premier, défini le concept de Développement durable, des professionnels de ce domaine donnent leurs avis sur les progrès réalisés en la matière, dans une enquête publiée courant mars 2017 par GlobeScan and SustainAbility^[2].
Les auteurs utilisent les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), adoptés par les Nations Unies au Sommet de septembre 2015, pour caractériser le développement durable et mesurer les progrès. D’où le titre de l’article, Evaluating progress towards the SDG^[3] (Évaluer les progrès vers les ODD).
Plus de 500 (cinq cents) professionnels du développement durable ont participé à cette enquête portant sur les progrès réalisés pour chacun des 17 objectifs globaux, sur leur urgence relative et sur les priorités qui leur sont respectivement accordées dans les organisations participantes. Elle a également porté sur la réponse des entreprises privées aux ODD et sur les raisons pour lesquelles elles contribuent ou envisagent de contribuer aux ODDS.

1. Les répondants 

Voici comment se répartissent ces professionnels en ce qui concerne l’expérience en développement durable, les secteurs d’activité et les régions d’appartenance.

2. Principaux résultats de l’enquête

Les principaux résultats de cette enquête sont les suivants :

• En général, les progrès sont qualifiés de médiocres en ce qui concerne le développement durable (DD) en général, et les ODD en particulier.
• L’élimination de la pauvreté (ODD1), la réduction des inégalités (ODD10), la vie aquatique (ODD14) et terrestre (ODD15) ressortent comme les domaines où le retard est le plus criant.
• Selon les participants, la réduction des inégalités (ODD10), le climat (ODD13), l’éducation de qualité (ODD4), les modes de consommation et de production responsables (ODD12) ainsi que la paix, justice et institutions fortes (ODD16) sont les ODD sur lesquels il est le plus important d’agir afin d’enregistrer le plus de progrès en DD.
• Les Organisations Non-Gouvernementales (ONG), les entrepreneurs sociaux et les Nations Unies en font bien plus pour la réalisation des ODD que les gouvernements nationaux et le secteur privé.

Voici dans le détail, comment les professionnels interrogés ont répondu aux questions posées. Nous n’en avons retenu ici que quatre.

3. Comment dans l’ensemble s’est faite la transition vers le DD (% des répondants)

Pour 54 % des répondants, les progrès en matière de DD ont été médiocres, par rapport à 74 % (en 2007) et 84 % (en 2005) qui donnaient la même appréciation.
À long terme, la tendance apparait ainsi positive, les professionnels du développement durable se révélant de moins en moins critiques.
 

Les appréciations positives viennent surtout de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient (avec 28 et 43% de gens qui jugent les résultats médiocres) d’une part, et d’autre part des représentants des gouvernements et des entreprises.
Il importe de noter que les répondants les plus expérimentés sont de loin les plus critiques.
 

4. Les résultats relatifs aux objectifs globaux (% des répondants)

Sur l’ensemble des ODD, les progrès apparaissent extrêmement modestes.
Le terme médiocre est le plus approprié s’agissant des progrès concernant la vie aquatique (ODD14), la réduction des inégalités (ODD10), les emplois décents et la croissance économique, la paix, la justice et les institutions fortes (ODD16), les modes de consommation et de production responsables (ODD12) ainsi que la vie terrestre (ODD15).

Les Gouvernements Nationaux, notamment le Gouvernement Américain, contribuent le moins au progrès, au contraire des ONG, des entreprises sociales et des Nations Unies qui sont de loin, les plus actives.
 

5. L’importance relative des ODD et la perception qu’en ont les répondants (% rép.)

Pour les répondants, les ODD sur lesquels le monde doit agir en priorité pour enregistrer le plus de progrès en matière de DD sont le climat (ODD13), l’éducation de qualité (ODD4), les modes de consommation et de production responsables (ODD12), la paix, la justice et les institutions fortes (ODD16) ainsi que la réduction des inégalités (ODD10).
 

Quel que soit le secteur d’activité des répondants, le climat ressort comme l’ODD le plus important pour l’action collective en faveur du développement durable. L’éducation est de loin la 2^ème priorité sauf pour les universitaires qui y placent la paix, justice et institutions fortes (ODD16).

Cependant, les opinions diffèrent notablement selon les régions quant à l’ODD le plus important. L’Afrique et le Moyen Orient mettent en tête l’éducation, l’Amérique Latine, la réduction des inégalités et pour toutes les autres régions (Europe, Amérique du Nord et Asie), le climat. Les divergences sont encore plus marquées pour les 2^ème et 3^ème objectifs.
 

Ce graphique compare l’importance relative accordée à chaque ODD par les répondants aux progrès qu’ils considèrent que la société a faits sur cet ODD.Ce qui est remarquable, c’est la sous-
performance relative des ODD qui, selon les répondants, tirent vers l’avant, le progrès en matière de DD : la réduction des inégalités (ODD10), les modes de consommation et de production responsables (ODD12) ainsi que l’élimination de la pauvreté (ODD1) et la paix (ODD16).
 

6. Action de l’entreprise privée
   6.1 Comment l’entreprise privée contribue ou envisage de contribuer aux ODD (% représentants du secteur privé)?

Pour 51% des experts issus du secteur privé, leurs entreprises contribuent ou envisagent de contribuer aux ODD en développant des produits ou des services apportant des solutions en ligne avec les ODD. Beaucoup indiquent que leurs entreprises participent à des partenariats public-privé et à des collaborations interprofessionnelles sur les ODD ou se servent de ces objectifs globaux comme bases pour définir leurs stratégies et fixer leurs objectifs de performance.
Peu mentionnent les contributions philanthropiques et le financement comme moyens d’action et seulement  9 % reconnaissent l’inaction de leurs entreprises en matière d’ODD.
6.2 Les principales raisons pour lesquelles les entreprises contribuent ou envisagent de contribuer aux ODD sont les suivantes (% des représentants du privé) :

 

7. Conclusions

Malgré quelques insuffisances, notamment au niveau de l’échantillon où les pays du Nord sont surreprésentés, cette enquête met bien la table pour la phase actuelle de l’action engagée depuis 1992 par la communauté internationale en faveur du DD, une action relancée en septembre 2015 avec l’adoption de l’Agenda 2030 pour le développement durable et les ODD. Nous sommes encore loin du compte, avec du pain sur la planche en abondance. Nos résultats sont jugés médiocres en ce qui concerne les ODD dont l’atteinte importe pour la réalisation du développement durable. Nos gouvernements et nos entreprises ont été à la traîne au niveau de l’action, malgré les efforts qu’ont déployés les Nations Unies et les ONG, les plus actives des parties prenantes, pour les sensibiliser et les mettre en mouvement.
Le jeu reste cependant ouvert dans cette nouvelle phase de relance de l’action internationale en faveur du développement durable. Avec le renouvellement, au Sommet de septembre 2015, des engagements pris à différents Sommets antérieurs, les gouvernements se repositionnent sur les enjeux qui comptent. Plusieurs ont revisité leurs stratégies de développement, ou sont en train de les revisiter, pour mieux y intégrer les ODD et le développement durable.
L’enquête nous dit également que les entreprises ne sont pas en reste puisque la majorité contribue déjà ou envisage de contribuer à la réalisation des ODD. Répondre aux besoins de la société serait leur principale raison d’agir.
Une excellente raison d’espérer d’elles et de tous !

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Références: