Notre Programme commun, le choix du sursaut face au risque de délitement

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Bulletin de juillet 2024

Notre Programme commun, le choix du sursaut face au risque de délitement

Sibi Bonfils, GSI

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  1. Introduction

L’Organisation des Nations Unies (ONU) a célébré son 75ème anniversaire en 2020, en pleine pandémie de COVID-19. Une réunion de haut niveau de l’AGNU (Assemblée Générale des Nations Unies), tenue le 21 septembre 2020, a été consacrée à cette célébration. Dans la Déclaration[1] qu’ils ont faite à cette occasion, les chefs d’État et de gouvernement ont tiré les leçons de ces 75 années de coopération multilatérale.

Les succès ont été nombreux, indiquent-ils, mais notre monde est loin de ressembler » à celui que s’imaginaient les personnes qui ont créé l’organisation il y a 75 ans. Il est en proie à des inégalités de plus en plus graves, à la pauvreté, à la faim, aux conflits armés, au terrorisme, à l’insécurité, aux changements climatiques et aux pandémies ».

Les chefs d’État et de gouvernement n’en concluent pas moins que le multilatéralisme reste une nécessité pour reconstruire en mieux, dans le but de « faire advenir un monde plus égal, plus résilient et plus durable » et, de la sorte, tenir les promesses faites aux générations futures, notamment celle de les protéger du fléau de la guerre.

Dans la perspective de cette reconstruction, ils ont demandé au Secrétaire général des Nations Unies (SGNU) de leur faire des recommandations visant à relever les défis actuels et futurs en tirant avantage des acquis des 75 années de coopération multilatérale et des outils mis au point dans ce contexte, citant nommément le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (Agenda 2030), qu’ils désignent comme « notre plan d’action pour faire de l’avenir que nous voulons une réalité et pour nous donner l’Organisation des Nations Unies dont nous avons besoin »

En réponse à cette demande, le SGNU a préparé et publié en septembre 2021, le rapport Notre Programme Commun, un puissant appel à l’action pour réaliser l’Agenda 2030 et tenir les 12 engagements pris par les chefs d’État et de gouvernement dans la Déclaration des 75 ans de l’ONU.

Ce numéro du bulletin porte sur Notre Programme Commun.

En s’appuyant sur la Déclaration des 75 ans de l’ONU, il rappelle les 12 engagements pris et ce qui les guide. Il donne par la suite un aperçu motivé du contenu du rapport du SGNU et présente, sous forme d’infographies issues du rapport, ses principales recommandations.

  • Les 12 engagements pris à la commémoration du 75e anniversaire de l’ONU

Dans la Déclaration qu’ils ont faite lors de la commémoration du 75e anniversaire de l’ONU, les chefs d’État et de gouvernement rappellent que l’ONU a été créée en réponse aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale, « pour préserver les générations futures du fléau de la guerre ».

Ils font part des nombreux succès remportés par l’Organisation, notamment dans la décolonisation, la gestion des conflits, la promotion et la protection des droits humains et des libertés fondamentales, l’éradication des maladies, l’éducation des enfants, la mise au point et la diffusion de normes de développement…

Ils reconnaissent surtout que l’ONU « a aussi connu son lot de déception », avec le spectacle affligeant d’un monde en proie aux inégalités entre pays et dans les pays et où « des personnes en sont réduites à entreprendre de dangereux périples pour trouver refuge et sécurité », un monde en proie à la pauvreté et à la faim, aux conflits armés et au terrorisme, où les changements climatiques et les pandémies hypothèquent l’avenir.

S’appuyant sur les résultats de la vaste concertation, « la Conversation mondiale », conduite par le SGNU en 2020[2], laquelle a permis de déterminer les motifs des préoccupations des peuples et leurs aspirations, et guidés par les buts et principes de la Charte des Nations Unies[3], les chefs d’État et de gouvernement ont pris 12 engagements « visant à faire de l’avenir que nous voulons une réalité et à nous donner l’Organisation des Nations Unies dont nous avons besoin ».

Les 12 engagements reproduits ici dans les propres mots des chefs d’État et de gouvernement sont : i) Nous ne laisserons personne de côté; ii) Nous protégerons notre planète; iii) Nous allons promouvoir la paix et prévenir les conflits; iv) Nous respecterons le droit international et ferons régner la justice; v) Nous allons attribuer une place centrale aux femmes et aux filles; vi) Nous allons instaurer un climat de confiance; vii) Nous améliorerons la coopération numérique; viii) Nous allons moderniser l’Organisation des Nations Unies; ix) Nous assurerons le financement durable de l’Organisation; x) Nous favoriserons les partenariats; xi) Nous serons à l’écoute des jeunes et travaillerons à leurs côtés; xii) Nous serons préparés pour la gestion des crises futures.

Voici, à titre indicatif, les intentions derrière le 11ème engagement, Nous serons à l’écoute des jeunes et travaillerons à leurs côtés. « En ce qui concerne la paix et le développement, la jeunesse est la pièce manquante du puzzle. Nous, nous avons bénéficié de la clairvoyance des personnes qui ont fondé l’Organisation des Nations Unies, mais les jeunes d’aujourd’hui auront à vivre avec les conséquences de notre action et de notre inaction. Pendant trop longtemps, les voix des jeunes ont été ignorées lors des discussions engageant leur avenir. Cela doit désormais changer : les jeunes doivent être invités à contribuer de manière significative ».

  • Contenu de Notre Programme Commun, le rapport du SGNU

Le dossier de 85 pages s’appuie sur les résultats de l’enquête mondiale réalisée à l’occasion du 75ème anniversaire de l’ONU et de la série de concertations conduites par le SGNU courant 2020 et 2021 avec les États membres des Nations Unies, les leaders d’opinion, les jeunes, les représentants de la société civile ainsi que le système des Nations Unies et ses nombreux partenaires.

Il a été conçu et construit pour répondre au message clé qui s’est fait entendre partout, selon le SGNU, au cours de cette Conversation mondiale et qui est le suivant : « le choix d’agir ou de rester passifs que nous faisons aujourd’hui est sans appel : il conduira soit à la poursuite du délitement, soit, par un sursaut salutaire, à un avenir meilleur, plus vert et plus sûr ».

Face au risque de délitement, le rapport du SGNU fait le choix du sursaut avec des propositions qui, si elles sont mises en œuvre avec diligence,devraient permettre « d’atteindre les objectifs communs à toutes et tous », à condition, cependant, que nous nous montrions solidaires et agissions comme le ferait une grande famille mondiale.

Le dossier est organisé autour de 6 chapitres dont un bref aperçu est donné ci-après.

3.1. Le chapitre I, Un coup de semonce, revient brièvement sur les aspects positifs du bilan des 75 ans de multilatéralisme pour mieux mettre en exergue notre échec dans la gestion de la COVID-19, lequel a révélé notre vulnérabilité commune et notre interdépendance. Il s’agit là, indique le SGNU, d’un coup de semonce qui nous met face à un choix radical : « continuer comme avant et prendre le risque du délitement et de la crise perpétuelle; ou bien, par une action concertée, surmonter les obstacles pour mettre sur pied un système international au service des populations et de la planète ». Plus de coopération internationale, plus de solidarité, c’est le choix que dictent les résultats de la Conversation mondiale et la Déclaration du 75ème anniversaire. Le rapport, Notre Programme Commun, qui s’inscrit dans cette perspective, trace la voie à suivre, à savoir, refonder en premier lieu le contrat social; s’adapter aux enjeux du siècle; faire une place aux jeunes et aux générations futures; nouer un nouveau pacte mondial.

3.2. Le chapitre II, Nous, les peuples: un nouveau contrat social ancré dans les droits humains souligne la perte de confiance des populations dans les institutions qui les dirigent tant aux échelles nationales qu’internationales. Il attribue cette perte de confiance à l’érosion du contrat social, cet « accord qui règne au sein d’une société sur la façon de régler les problèmes communs, de maîtriser les risques et de mettre en commun les ressources pour fournir des biens publics ». Comme réponse à l’interrogation sur la façon de faire société et de partager une planète bien fragile, il propose un nouveau contrat social dont il donne les éléments constitutifs : a) la confiance; b) l’inclusion, la protection et la participation; c) la nécessité de mesurer et de valoriser ce qui est bon pour les gens et pour la planète.

Il précise le contenu de ces différents constituants.

La confiance interpersonnelle et la confiance dans les institutions et surtout les grandes institutions, se sont effondrées partout dans le monde du fait de « l’incapacité de ces institutions – réelle ou perçue – à remplir leur mission, à être justes, transparentes et inclusives, à fournir une information fiable et à améliorer la vie des gens », indique-t-il. Des institutions à l’écoute fournissant aux gens les services idoines, une justice juste, une fiscalité équitable et l’état de droit, l’absence de corruption, l’accès à l’information et un espace numérique ouvert sont nécessaires pour reconstruire ces confiances.

L’inclusion, la protection et la participation permettent de créer, pour chacune et chacun, les conditions requises pour mener une vie décente et participer à la société sans que personne ne soit laissé de côté. Elles supposent, indique le rapport, « des mesures visant à combattre les discriminations, à assurer la protection des droits humains et à garantir que chacune et chacun puisse satisfaire ses besoins essentiels, étant entendu que l’alimentation, la santé, l’eau et l’assainissement, l’éducation et le travail décent sont des droits fondamentaux ». Il faudra dans cette perspective, ajoute-t-il, des systèmes adéquats de protection sociale, d’éducation et d’apprentissage tout au long de la vie, un environnement social mettant les femmes et les filles au premier plan, garantissant un travail décent et un logement convenable, ainsi que l’inclusion numérique.

La capacité de mesurer et de valoriser ce qui est bon pour les gens et pour la planète, permet d’appréhender l’impact réel de nos modèles économiques. On sait qu’il est délétère et que les instruments actuels de mesure de la prospérité et du progrès comme le PIB ne rendent pas compte de cela, bien au contraire. « Plus on pêche, plus on déforeste, plus on brûle de combustibles fossiles, plus le PIB augmente, ce qui est absurde : alors même qu’on détruit la nature, on comptabilise un surcroît de richesses ! », souligne le rapport, lequel propose d’établir d’urgence des indicateurs de progrès qui viennent compléter le PIB en prenant notamment en compte le bien-être humain, la durabilité de la planète et les services non-marchands comme les services à la personne non rémunérés.

Le schéma ci-dessous résume l’ensemble de ces éléments.

3.3. Le chapitre III, Générations futures : façonner leur avenir, souligne que le « nous » du « Nous, les peuples » qui ouvre la Charte des Nations Unies, comprend toutes les générations de ce siècle et donc tous les hommes et les femmes qui viendront après nous et auxquels nous avons le devoir suprême de léguer un monde viable dans lequel leurs intérêts sont préservés. Avec la triple crise des changements climatiques, de la perte de la biodiversité et de la pollution, nous sommes bien loin du compte, constate-t-il.

Pour les grandes orientations concernant les problèmes de l’humanité qui s’inscrivent pourtant dans la durée, comme la dégradation de la planète, la maîtrise des nouvelles technologies (IA et technologie génomique), le vieillissement de la population, l’urbanisation, la transformation de la protection sociale, « nous continuons à privilégier le court terme et le statu quo, sacrifiant sur l’autel du gain immédiat le bien-être à long terme de l’humanité et de la planète », souligne-t-il.

Afin d’éviter aux génération à venir les conséquences de nos actions ou de notre inaction, le nouveau contrat social appelé à fonder l’avenir, doit renforcer la solidarité entre les générations, notre génération, les jeunes générations et les générations futures.

Le schéma ci-dessous résume les mesures correctives que ce contrat devrait prendre. Ces mesures correspondent aux priorités exprimées par les jeunes lors de la Conversation mondiale.

Il s’agit de se mettre à l’écoute des jeunes générations et de créer les mécanismes leur permettant de s’exprimer et de participer aux prises des décisions qui les concernent. Une éducation de qualité, l’accès à des emplois décents participent aussi du renforcement de la solidarité avec elles.

En ce qui concerne les générations futures, le principe d’équité intergénérationnelle sous-tend les diverses mesures envisagées pour assurer la prise en compte de leurs intérêts. Ces mesures vont de la réflexion intergénérationnelle de long terme, à la mise en place d’un Laboratoire pour l’avenir au niveau des États, ou d’une représentation des générations futures dans les instances où se prennent les décisions concernant l’avenir. Les propositions ne manquent pas, depuis les Comités de l’avenir ou les Commissaires aux générations futures mis en place dans certains pays, jusqu’à la nomination auprès du SGNU d’un(e) Envoyé(e) Spécial(e) pour les générations futures, et une Déclaration sur les générations futures au niveau international.

3.4. Le chapitre IV, Nations grandes et petites : une nouvelle donne mondiale pour produire des biens publics mondiaux et atténuer les risques les plus graves,propose de renouveler de fond en comble les principes et pratiques de l’action collective au niveau mondial tout en tirant parti de ce qui marche et de ce qui a été accompli. C’est ce que commande notre interconnexion et notre interdépendance révélées par la COVID-19 et surtout les lacunes intolérables qu’elle a mises à nue en ce qui concerne l’action multilatérale. Il s’agit, suggère le dossier, de Protéger les communs mondiaux et de produire des biens publics mondiaux tout en atténuant les principaux risques.

Zone de Texte:  Les communs mondiaux, indique-t-il, sont les ressources naturelles ou culturelles que nous partageons et qui sont d’intérêt général, comme les quatre communs mondiaux suivants ne relevant d’aucune juridiction nationale : la haute mer, l’atmosphère, l’Antarctique et l’espace extra-atmosphérique.

Les biens publics sont les biens et services fournis à l’ensemble de la société et qui lui profitent. L’éclairage public, les services d’incendie, le contrôle de la circulation ou de l’eau potable participent de ces biens à l’échelle nationale. Certains biens publics contribuant au bien-être de l’humanité dans son ensemble, et ne pouvant être fournis adéquatement par un seul État, sont considérés comme des biens publics mondiaux. La paix ou la règlementation de l’aviation civile participent de ces biens, comme la santé mondiale, le système financier, la santé de la planète.

Pour ces trois derniers biens publics mondiaux, le système multilatéral a failli. La COVID-19 et la crise financière de 2008 l’ont montré, comme le montre, pour la santé de la planète, la triple crise planétaire des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de la pollution. La dégradation des biens communs ainsi que décrite dans l’infographie ci-dessous est symptomatique de cette défaillance du système multilatéral.

Pour corriger les graves lacunes révélées dans l’action multilatérale par les dernières crises, et nous préparer à mieux affronter les prochaines crises qui peuvent être plus extrêmes (sic), Notre Programme Commun propose de renforcer la gouvernance de ces biens, en tirant avantage des institutions et des accords existants, avec de nouvelles résolutions et de nouvelles façons de travailler ensemble mettant à contribution les différents acteurs, publics ou privés, ou de la société civile, dans toutes leurs diversités. Il fait, dans cette perspective, une série de recommandations fortes pour la santé mondiale qu’il faut mieux financer, l’économie mondiale qui doit profiter à toutes et à tous, la planète dont la santé est un bien précieux, la paix avec un nouvel Agenda, l’espace extra-atmosphérique en visant une utilisation pacifique et durable, l’agora numérique qu’il faut réinvestir, la coopération internationale en prenant appui sur le droit international.

Voici à titre indicatif, en ce qui concerne la santé de la planète et notamment le climat, les résultats du choix de la passivité ou du sursaut avec passage immédiat à l’action

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Des risques et des menaces graves pèsent sur le bien-être humain là où les maux publics mondiaux l’emportent au détriment des biens publics mondiaux. « Les progrès technologiques constants, l’accélération des changements climatiques et la multiplication des maladies zoonotiques décuplent les risques de nature extrême et multiple pouvant déclencher des catastrophes mondiales, voire menacer la vie », indique le rapport. Ces risques doivent être anticipés pour mieux s’y préparer et en atténuer l’impact.

Le rapport recommande des cadres juridiques plus solides, de meilleurs outils d’identification, d’anticipation et de gestion des risques, ainsi que de meilleures données et des financements adéquats pour les prévenir et les atténuer. Il propose que l’ONU s’appuie sur les plus grands spécialistes et les meilleures données, issus du système des Nations Unies ou d’ailleurs, pour publier tous les cinq ans un Rapport de prospective stratégique et d’étude des risques mondiaux à l’intention des États Membres.

Les prochaine étapes dans le processus de renouvellement des principes et pratiques de l’action collective au niveau mondial commenceraient par i) l’identification des biens publics mondiaux et des autres domaines d’intérêt commun pour lesquels des améliorations de la gouvernance sont les plus nécessaires et ii) la définition des moyens à mobiliser pour réussir ces amélioration.

Le SGNU propose i) un Conseil consultatif de haut niveau dirigé par d’anciennes et d’anciens chefs d’État ou de gouvernement pour conduire cet exercice et ii) un Sommet de l’avenir multipartite de haut niveau pour exploiter les résultats du Conseil consultatif et dégager les bases de la nouvelle gouvernance.

Le Sommet de l’avenir prévu en septembre 2024 traiterait des thèmes suivants : i) Améliorer la gouvernance des biens publics mondiaux et d’autres domaines, selon que de besoin, à la lumière des constatations du Conseil consultatif; ii) Le développement durable et l’action climatique au-delà de 2030; iii) La paix et la sécurité, pour le nouvel agenda pour la paix; iv) La technologie numérique, pour le Pacte numérique mondial; v) L’espace extra-atmosphérique, pour rechercher un accord sur l’utilisation durable et pacifique de l’espace extra-atmosphérique…; vi) Les grands risques et la conclusion d’un accord sur une Plateforme d’urgence; vii) Les générations futures, en vue d’un éventuel accord sur une Déclaration sur les générations futures.

Le SGNU dégage, de l’analyse du contexte dans lequel les Nations Unies opèrent aujourd’hui, les paramètre caractéristiques du multilatéralisme qui émerge et qui devrait être renforcé par ces délibérations. Les États ne sont plus les seuls à s’exprimer, indique-t-il. Ils ont fait de la place à une série d’acteurs nouveaux qui ont désormais voix au chapitre dans les débats et les délibérations sur les différentes tribunes des Nations Unies.

Outre les organisations gouvernementales et intergouvernementales, les parlements, les autorités infranationales (villes, collectivités locales, autorités régionales), la société civile, les organisations confessionnelles, les universités, les chercheurs et experts, les syndicats, le secteur privé et l’industrie, ainsi que les mouvements locaux et populaires, y compris les femmes les jeunes, réunis dans les Groupes Majeurs, portent aujourd’hui la voix des différentes catégories de la population humaine.

Un multilatéralisme en réseau, inclusif et plus efficace paraît seul à même de produire les résultats escomptés pour tenir les promesses faites aux générations actuelles et futures et, de la sorte, susciter la confiance dont il est besoin pour relever les défis complexes du XXIe siècle.

Le schéma ci-dessous donne un aperçu de ces paramètres caractéristiques.

3.5. Le chapitre V, Objectifs et principes : adapter l’Organisation des Nations Unies à une ère nouvelle, fait une série de propositions visant à faire de l’ONU « un instrument de discussion, de négociation, de progrès, de recherche de solutions et un moyen d’action qui permette au monde d’atteindre ses visées collectives les plus pressantes ». C’est le gage pour un multilatéralisme fonctionnant davantage en réseau, plus inclusif et plus efficace. Les propositions indiquent ce que le Secrétariat et le Système des Nations Unies veulent faire pour s’adapter et continuer d’améliorer la vie des gens, notamment à l’appui :

  • Du nouveau contrat social. L’ONU serait davantage à l’écoute des citoyens, ouverte à la participation des usagers et plus facile d’accès, et encouragerait les États membres à refonder leur propre contrat social;
  • De la solidarité intergénérationnelle. L’ONU créerait un Bureau des Nations Unies pour la jeunesse aux compétences élargies et intégré au Secrétariat, et nommerait un(e) Envoyé(e) spécial(e) pour les générations futures qui aurait pour mission de représenter les intérêts des générations futures au sein du système des Nations Unies et auprès des États Membres.
  • De la fourniture des biens publics mondiaux. L’ONU serait le moteur de la nouvelle gouvernance mondiale centrée i) sur la protection des communs mondiaux, ii) la fourniture des biens publics mondiaux essentiels et iii) la préparation à faire face aux risques extrêmes. Elle i) serait dans ce contexte, source de données fiables, notamment avec le rétablissement du Conseil scientifique consultatif, ii) jouerait le rôle de rassembleur, un lieu où se forge le consensus autour des priorités et des stratégies, et iii) créerait les conditions pour des réalisations collectives et l’inclusion des différents acteurs, du privé, de la société civile ainsi que des autorités locales et régionales.

Plusieurs autres propositions concernent i) la réforme de l’ONU pour la rendre plus efficace, ii) le Conseil de tutelle qui deviendrait un organe multipartite chargé de remédier aux problèmes émergents, iii) le Conseil de sécurité dont la composition devrait être élargie pour qu’il devienne plus représentatif des réalités du 21e siècle, iv) l’Assemblée générale dont il importerait de revitaliser les travaux, v) le Conseil économique et social dont il faut renforcer le rôle et la visibilité en tant qu’organe de coordination des activités économiques et sociales de l’ONU.

3.6. Le chapitre VI, Aller de l’avant, conclut le rapport Notre Programme Commun, en rappelant ce qui l’a motivé, son objectif ainsi que l’essentiel de son contenu.

Notre Programme Commun donne suite à la demande formulée par les chefs d’État et de gouvernement dans la Déclaration qu’ils ont faite à l’occasion de la célébration du 75ème anniversaire de l’ONU. Dans cette Déclaration, ils ont pris 12 engagements cruciaux visant à faire de l’avenir que nous voulons une réalité et à nous donner l’Organisation des Nations Unies dont nous avons besoin pour mieux faire face aux crises futures.

Notre Programme Commun vise à mettre en œuvre ces engagements avec des mesures dédiées permettant de combler les carences les plus graves au niveau de l’action multilatérale et de la gouvernance des biens communs et des biens publics mondiaux. Réaliser l’Agenda 2030 et tenir les engagements en faveur du climat et des droits humains constituent un pas important dans cette direction.

Notre Programme Commun comprend par ailleurs une série de propositions visant à adapter le Secrétariat et le Système des Nations Unies à une ère nouvelle en tirant avantage de la légitimité de l’ONU, de sa puissance de rassemblement et du pouvoir normatif qu’elle a acquis au fil du temps.

  • Recommandations et propositions

Une série de recommandations et de propositions clés associées aux 12 engagements pris par les chefs d’État et de gouvernements dans la Déclaration du 75ème anniversaire ressortent du rapport.

4.1. Les propositions clésont été regroupées suivant les 12 engagements des chefs d’État et de gouvernement guidés par les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies, ainsi que par le désir de i) faire de l’avenir que nous voulons une réalité et ii) se donner les Nations Unies dont nous avons besoin.

Le tableau ci-dessous rappelle les 12 engagements.

Ne laisser personne de côtéProtéger notre planètePromouvoir la paix et prévenir les conflitsRespecter le droit international et faire régner la justiceAttribuer une place centrale aux femmes et aux fillesInstaurer un climat de confianceAméliorer la coopération numériqueModerniser l’Organisation des Nations UniesAssurer un financement durableFavoriser les partenariatsÊtre à l’écoute des jeunes et travailler à leurs côtésSe préparer aux crises futures

4.2. Les Recommandationsont été regroupées suivant quatre grands axes :

  • L’axe Contrat social, ancré dans les droits humains, et visant à reconstruire la confiance dans les institutions et la cohésion sociale;
  • L’axe Solidarité avec les jeunes générations du monde entier et les générations futures, accordant une attention particulière à l’avenir;
  • L’axe Biens communs mondiaux et Biens publics mondiaux avec des actions urgentes, visant à les protéger et à les fournir grâce à un multilatéralisme plus interconnecté, inclusif et efficace,
  • L’axe ONU 2.0 dont l’objectif est de moderniser l’ONU et de l’adapter à une nouvelle ère pour la rendre capable de proposer des solutions plus pertinentes, à l’échelle du système, multilatérales et multipartites, dans le but de relever les défis du 21e siècle.

Les recommandations et les propositions sont présentées ci-après sous forme d’infographies tirées du rapport Notre programme commun.






Conclusion

Ce numéro du Bulletin a porté sur le rapport du Secrétaire Général des Nations Unies (SGNU), Notre Programme Commun, préparé à la demande formulée par les chefs d’État et de Gouvernement dans la Déclaration qu’ils ont faite en septembre 2020, à l’issue de la célébration du 75ème anniversaire de l’ONU, en pleine pandémie de COVI-19.

Le Bulletin a présenté brièvement la Déclaration, un bilan lucide des 75 années de coopération multilatérale, assorti de 12 engagements.

  • Le bilan fait part i) des nombreux succès remportés par l’ONU et dont il est permis d’être fier, mais aussi ii) des échecs monumentaux dont la crise de la COVID-19 a été l’un des principaux révélateurs.
  • Les 12 engagements « visant à faire de l’avenir que nous voulons une réalité et à nous donner l’Organisation des Nations Unies dont nous avons besoin », formulent clairement les souhaits des chefs d’État et de gouvernement pour l’avenir de l’humanité et de la fragile planète qui l’abrite, fixant ainsi les termes de référence du rapport commandé au SGNU.

Le Bulletin a par la suite donné un aperçu du contenu du rapport en passant en revue les 6 chapitres qui le composent, i) le coup de semonce que constitue la COVID-19, ii) le nouveau contrat social pour reconstruire la confiance perdue dans le multilatéralisme, iii) la solidarité entre les générations comme pilier du nouveau contrat Social, iv) une nouvelle gouvernance des biens communs et des biens publics mondiaux comme moteur du renouveau de l’action collective mondiale, v) des proposition pour adapter les Nations Unies à la nouvelle ère de multilatéralisme et vi) la conclusion du rapport rappelant ce qui l’a motivé, son objectif ainsi que l’essentiel de son contenu.

Il se termine par les propositions et les recommandations que fait le SGNU aux chefs d’État et de gouvernement. Les propositions ont été regroupées suivant les 12 engagements de la Déclaration du 75ème anniversaire. Les recommandations portent sur les 4 axes d’évolution proposés, le nouveau Contrat Social, la solidarité entre les générations, les Biens Communs et Publics mondiaux et l’ONU 2.0 de la nouvelle ère de multilatéralisme.

Cinq riches infographies issues du rapport regroupent l’ensemble de ces éléments.

Tout est sur la table pour le nécessaire sursaut face au risque de délitement, et pour nous donner l’avenir que nous voulons.

Dans Notre Programme Commun, le Secrétaire général a souhaité que soit organisé un Sommet de l’avenir afin de forger un nouveau consensus mondial sur la manière de se préparer à cet avenir plein de risques, mais aussi de promesses.


[1] AGNU, Déclaration faite à l’occasion de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies, A/RES/75/1, 29 septembre 2029, https://documents.un.org/doc/undoc/gen/n20/248/81/pdf/n2024881.pdf?token=KVtuVFNHCRmKACqXgU&fe=true

[2] UN75, Façonnons notre avenir ensemble, janvier 2021, https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/2021/01/un75_final_report_shapingourfuturetogether_fr.pdf

[3] ONU, Charte des Nations Unies, https://www.un.org/fr/about-us/un-charter/full-text